Séminaires Hikikomori

Nous proposons une série de six séminaires afin d’exposer, d’échanger et de réfléchir ensemble sur les différentes situations de ce trouble et les conduites de prises en charge impliquant différents professionnels. Accessibles gratuitement aux adhérents de l’association, à jour de leur cotisation annuelle, les séminaires se tiennent à Paris en présentiel avec un accès en distanciel pour ceux qui le souhaitent.

Le hikikomori se définit comme un enfermement de plus de 6 mois, au domicile familial d’abord, puis presque exclusivement dans la chambre, associé à des aberrations du sommeil et de l’alimentation qui ne suivent plus le rythme familial, auquel s’ajoutent presque toujours l’usage immodéré d’Internet et un sentiment de malaise ou de perte des capacités.

L’association AFHIKI a pour objectif de faciliter la réponse à ces situations difficiles. Elles imposent d’être accueillies et prises en charge au niveau de la famille et de l’environnement, puis du jeune, grâce à la participation conjointe des usagers et des professionnels concernés par cette tranche d’âge et cette conduite permettant une vision globale de cette nouvelle modalité comportementale.

Comment s’inscrire : 
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A qui s’adressent ces séminaires ?

  • Aux professionnels du soin psychologique ou psychiatrique : pour enfants, pour adultes, pour les familles.
  • Aux professionnels du soin somatique : médecins généralistes, médecins scolaires, autres.
  • Aux professionnels du monde socio-éducatif : enseignants, éducateurs, travailleurs sociaux.
  • A tout professionnel concerné.
  • Et aux usagers, familles ou patients, qui souhaitent s’y associer.

Qui sont les intervenants ?

Tous les intervenants sont des membres de l’équipe AFHIKI :

Abdou Belkacem (psychiatre), Xavier Benarous (pédopsychiatre), Emmanuelle Boë (psychiatre, psychanalyste) Marie-Jeanne Guedj-Bourdiau (psychiatre et pédopsychiatre), Nicolas Hespel (enseignant spécialisé, directeur du centre scolaire hospitalier rattaché au service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent du CHU Pitié-Salpêtrière), Mitra Krause (psychologue), Alain Mercuel (psychiatre), Julien Ortega (psychologue).

Modalités pratiques

  • Horaire: 20h à 21h30
  • Lieu pour le présentiel: salle de réunion du SMES, pôle du Dr Mercuel, Ghu Neurosciences, hôpital Sainte-Anne, 1 rue Cabanis, 75014 Paris. Métro : ligne 6 (Glacièce), ligne 4 (Mouton Duvernet). Bus : ligne 62 (arrêt René Coty), 59 (arrêt Arago-Santé).
  • Accès en visioconférence: dès votre inscription pour un séminaire vous recevrez le lien de connexion.

PRÉSENTATION DES SÉMINAIRES

Hikikomori, le travail avec la famille

 23 mars 2023 – 20h-21h30

Marie-Jeanne Guedj-Bourdiau, discutant : Alain Mercuel

La prise en charge de la famille, souvent elle-même dans le « double hikikomori », constitue la première phase de la prise en charge recommandée par le ministère de la Santé Japonais. Elle permet de soulager le fardeau familial en faisant sortir de la culpabilité et de la honte, en en finissant avec les parents de l’enfance, et en acceptant l’intervention de tiers.

Diverses étapes de réponse au fardeau familial sont mises en place.

La consultation famille sans le patient est un dispositif d’accueil de la famille seule. Elle utilise les notions de guidance familiale. Dans une famille aimante, mais contrainte par des règles strictes, le jeune en retrait devient inconsciemment enchaîné, même si la famille se montre peu envahissante. La famille vit dans la honte et l’auto-dépréciation, tant au Japon qu’en France.

Les entretiens de guidance parentale montrent leur efficacité sur l’acceptation du jeune tel qu’il est et non qu’il devrait être. Ils vérifient l’absence de causalité directe entre l’attitude des parents et le retrait du jeune, mais aussi leur rôle majeur dans l’amélioration de la situation hikikomori.  Ces entretiens utilisent le modèle de l’entretien de crise pour ce qui est une crise au long cours.

La thérapie multi familiale initiée dans les situations de dépendance (mais le hikikomori n’est-il pas une situation de dépendance ?), rassemble plusieurs familles dont le jeune est en soin ou en voie de l’être. C’est un groupe de parole, un lieu d’information et un endroit d’échanges. Si on peut dire que le jeune hikikomori est en défaut d’accès à l’intimité autrement qu’en se barricadant dans sa chambre, la thérapie multi familiale utilise positivement l’absence d’intimité pour la famille.

Différents thèmes sont abordés :

  • Envisager la demande manifeste, et la demande sous-jacente, ambivalente et douloureuse.
  • Assouplir les messages transgénérationnels inconsciemment véhiculés.
  • Respecter les étapes d’une autonomie mutuelle.
  • Accepter toute inscription dans la visibilité sociale, la recherche emploi/études en découlera.
  • Voire faciliter la prise en charge psychiatrique, soit avec les outils de la visite à domicile et de la prise en charge communautaire, ou par une hospitalisation en service formé aux situations de hikikomori.

Hikikomori, une consultation spécifique

 11 mai 2023 – 20h-21h30

Mitra Krause, Claire Rolland-Jacquemin, discutante : Marie-jeanne Guedj

« Pour moi, vivre est déjà un travail »

A Strasbourg, cette consultation spécifique dédiée au retrait social s’inscrit dans le cadre d’un CSAPA (centre de soin, d’accompagnement et de prévention en addictologie).

Elle propose, à des familles et à des jeunes gens installés dans une problématique de retrait social, différentes pistes de travail, dans le cadre d’un suivi individuel ou collectif.

Notre approche clinique est basée sur la psychanalyse et la prise en charge somatique et psychosomatique des personnes rencontrées.  

Sont successivement abordés :

  • L’importance des consultations psychologiques individualisées pour les parents et l’entourage.
  • La prise en compte des problématiques somatiques des jeunes via des consultations médicales par un médecin généraliste
  • La prise en charge des conduites addictives qui peuvent être liées à l’isolement, par un médecin addictologue
  • Deux groupes de réflexion sur cette problématique et ses conséquences, l’un porté par les parents, l’autres par les jeunes, et co-animés par des membres de l’équipe de Détours.
  • L’association d’un certain nombre de partenaires à la réflexion qui découle de cette manière de travailler (Marie-Jeanne Guedj, Tadaaki Furuhashi,).

Phobie scolaire et devenir Hikikomori

22 juin 2023 – 20h-21h30

Emmanuelle Boë, discutant : Nicolas Hespel

Si la conduite de claustration à domicile n’entre pas dans la définition normée de la phobie scolaire, elle s’y associe dans bien des cas et en constitue un facteur de gravité. Nous proposons dans ce séminaire d’aborder cette double valence : le retrait de l’école et l’attrait de la maison, voire de la chambre. Il est souvent bien difficile d’établir une préséance en termes de causalité. Les rationalisations du patient n’expliquent rien et sa conduite reste longtemps fort énigmatique, aux yeux des proches, des soignants, et du sujet lui-même.

Nous réfléchirons aux différentes hypothèses sur les origines de ce trouble, en nous aidant des circonstances de son apparition (avec des récurrences comme une impossibilité à retourner en cours après une maladie ou simplement des vacances scolaires), et des moments charnières auxquels il survient (changement de cycle par exemple).

Comme dans la conduite hikikomori du plus âgé, l’inertie qui découle du repli au domicile se décline en suspension du temps, immobilité physique, abrasion de la dynamique de pensée, et appauvrissement relationnel. Tous ces facteurs compliquent la prise en charge thérapeutique renvoyant les parents, le pédagogue ou le thérapeute à un fort sentiment d’impuissance. Nous évoquerons comment contourner cet obstacle majeur et tenter de proposer une issue à ce qui apparaît généralement comme une impasse, en nous appuyant sur des situations cliniques rencontrées à l’hôpital ou en consultation.

Approche développementale des conduites de retrait

21 septembre 2023 – 20h-21h30

Xavier Benarous, discutante : Emmanuelle Boe

Quel intérêt de regrouper des conduites de retraits/claustrations à l’adolescence sous un même terme ? Pourquoi parler d’hikikomori ? S’agit-il d’un syndrome clinique qui ne préjugent pas du diagnostic sous-jacent, d’une nouvelle entité diagnostique ?

Malgré l’hétérogénéité des situations cliniques, des motifs communs se dégagent dans la littérature : des réactions de retrait dès la petite enfance, une inhibition dans l’expression des affects, une hypersensibilité aux conventions/normes mais aussi à la détresse à d’autres membres de la famille.

Quand un diagnostic psychiatrique est posé, il existe fréquemment un hiatus entre la sévérité clinique et le retentissement fonctionnel, avec des durées de retrait parfois de plusieurs années. Quelque chose d’autre nous manque pour appréhender correctement l’histoire naturelle de ces conduites.

Pour comprendre les limites de nos outils de compréhension habituelle, je propose d’utiliser des concepts inspirés de l’analyse de systèmes complexes de développement. Si des spécificités sur le plan des compétences socio-émotionnelles peuvent rendre compte des antécédents fréquemment retrouvés, c’est leur mise en œuvre à l’adolescence dans un système relationnel de complexité croissante qui vient dévoiler les difficultés. La rencontre avec les tâches développementales de l’adolescence constitue un facteur précipitant constamment décrit comme la construction d’un idéal de soi avec l’acceptation douloureuse de ses incapacités, le besoin d’être validé et reconnu par autrui, dans et à l’extérieur du groupe, avec tous les enjeux transgénérationnels et socioculturels que cela ouvre.

Hikikomori et précarité

9 novembre 2023 – 20h-21h30

Alain Mercuel, discutant : Julien Ortega

De nombreux syndromes ont été décrits en lien avec la précarité : « autoexclusion » de Jean Furtos, « grande exclusion » de Xavier Emmanuelli, « anorexie sociale » de Jacques Simmonet, etc …

De nombreux ponts cliniques peuvent faire lien avec le syndrome d’Hikikomori à tel point que ce qui sous-tend la souffrance psychique des grands exclus (SDF, clochards, sans dent, diogènes et autres sans chez soi…) par leur « enfermement dehors », pourrait nous aider à comprendre les « retraits à domicile » ?

Qu’il s’agisse de l’enferment dedans ou dehors, les conséquences de ces comportements sont lourdes, souvent étalées dans le temps pendant plusieurs années avec, au-delà des aspects psychologiques ou psychiatriques (anxiété, dépression, états psychosomatiques, …), un impact physique indéniable fait d’incurie et d’abandon de la préoccupation corporelle. L’addiction est souvent présente, quelle qu’elle soit. (Les mouvements de déplacements restent liés à la recherche de satisfaction de besoins vitaux sans réel besoin qualitatif. Enfin les objets alentours participent au désordre intrapsychique. A cela s’ajoute la crainte du vieillissement et celle de l’évolution vers la précarité côté cour. Côté jardin, pour ne pas dire rue, la peur de l’impossible survie.)

Pour ces deux types de public, l’approche thérapeutique est particulièrement ardue et laborieuse puisque aucune demande d’aide n’est formulée explicitement, parfois elle est implicite mais nécessite un décodeur… De fait aucun traitement ne peut se mettre durablement en place dans cette non-demande et la sortie de son chez soi – celui des parents – ou la sortie de rue nécessitent un accompagnement médico-psycho-social centré sur la permanence du lien et le prendre soin durable.

Dans une telle perspective, nous tenterons de croiser différents syndromes (hikikomori, Diogène et auto-exclusion) pour d’un côté en circonscrire leurs particularités intrinsèques, et de l’autre en examiner leurs possibles liens.

Le virtuel dans la conduite Hikikomori

11 janvier 2024 – 20h-21h30

Abdou Belkacem, discutante : Marie-jeanne Guedj-Bourdiau

Le monde virtuel est le nom actuel donné au monde imaginaire où peuvent venir se réfugier des sujets voulant apaiser leurs symptômes. Les jeux vidéo en ligne sont les principaux objets mis en cause pour leur potentiel danger. Aussi peut-on lire ou entendre que les écrans sont devenus dangereux car ils coupent de la réalité, les jeux vidéo incitent les joueurs à la violence, les réseaux sociaux exposent chacun à la malveillance de tout le monde. Dernièrement, l’essor des nouvelles technologies offre l’expérience de la réalité virtuelle et certains y voient là une menace contre l’existence du sujet.

Bien souvent ces angoisses sont celles de l’entourage du patient, d’où le besoin de les familiariser avec le concept du virtuel. Car il existe déjà une théorie du virtuel, en commençant par les approches philosophique et psychanalytique. Et chaque culture appréhende le virtuel selon ses propres valeurs. Par exemple, le Japon semble bien plus aguerri. L’enjeu de ce séminaire est de resituer le virtuel des nouvelles technologies parmi les autres virtuels et ainsi, de mieux dialoguer avec nos patients qui ont fait le choix de ne pas vivre dans la vie actuelle.

Nous verrons à travers des cas cliniques comment la rencontre entre le sujet et ce monde du virtuel technologique vient répondre à ses propres difficultés existentielles.